le jeudi 18 novembre 2021
C’est un immense médecin et un grand défenseur du bien-être des femmes qui vient de disparaître en ces tristes jours de début novembre. Pas toujours reconnu, parfois oublié Hubert Manhès a été l’un des pionniers de la chirurgie endoscopique, peut-être le plus génial. Ce fut en 1975 qu’il eut le premier l’idée d’inciser un hématosalpinx pour extraire par voie endoscopique une grossesse extra-utérine dont le traitement à l’époque ne s’envisageait que par laparotomie. Ce fut le début de la chirurgie endoscopique. Débuts difficiles et il fallut le courage et la clairvoyance du Professeur Maurice Antoine BRUHAT, pour soutenir cet élève atypique qui n’était « même pas chirurgien », car issu de la filière des C.E.S, tout comme Jacques HOURCABIE lui aussi disparu récemment ! La suite on la connaît : Hubert fut un inventeur de génie en mettant au point des instruments adaptés à cette nouvelle chirurgie et en enseignant cette pratique à des élèves qui venaient du monde entier pour assister à la clinique « La Pergola » à Vichy à ses interventions sous l’œil maussade de certains de ses collègues chirurgiens traditionnalistes. Récompensé par la société américaine des chirurgiens laparoendoscopistes en 2003, il est lauréat des Victoires de la médecine 2008 et crée trois ans plus tard l’Institut de Biochirurgie destiné à promouvoir la chirurgie mini-invasive.
Mais Hubert Manhès ce fut aussi « L’homme qui respectait les femmes », qui nous a enseigné la nécessité de convaincre les patientes avant d’opérer et aussi d’expliquer longuement les gestes chirurgicaux effectués. C’était disait-il la clé d’une réhabilitation précoce et il fut là aussi pionnier dans ce domaine. Je me souviens de ces soirées de montage des films des interventions du matin pour les soumettre aux patientes au cours d’un petit-déjeuner commun le lendemain matin, juste avant leur sortie.Hubert Manhès fut le président de la 10ème édition d’INFOGYN en 1996. Voici un extrait de son édito : « Ce vingtième siècle est à n’en pas douter celui d’une nouvelle forme de reconnaissance de la femme. Au plan politique, social, familial, bien des choses ont été faites pour améliorer sa condition et il reste encore beaucoup à faire. Au plan médical et chirurgical, nous nous devions également d‘accéder à une plus grande considération de l’intégrité physique et des problèmes physiologiques de la femme. Il est normal qu’un médecin, quel qu’il soit et à fortiori s’il est auréolé du titre de Gynécologue-obstétricien, prenne conscience et se soigne de cette misogynie qui vingt siècles durant a guidé notre réflexion ».
Cher Hubert, nous partageons aujourd’hui la peine de tes proches. Nous ne t’oublierons pas.
Michel DAGUES-BIÉ